Microphone de scène
Stylo plume

Lucas Sanner

auteur compositeur interprète

Les trente glorieuses du rock.

Les seventies

A l'aube des années soixante dix beaucoup de tabous sont tombés. Les jeunes ont les cheveux longs, on parle ouvertement de sexualité, de drogues, et le schéma travail, famille, patrie commence à se fissurer sérieusement.
La société, qu'elle le veuille ou non, ne peut plus ignorer les changements qui ont lieu en son sein.

David Bowie en Ziggy Stardust

Dans ces années là, la révolution sexuelle bat son plein. Les femmes revendiquent le droit à l'avortement et à l'égalité entre les sexes. Partout on parle d'amour libre et tout le monde veut avoir des expériences sexuelles inédites.
Sur ce terrain le rock n'est pas en reste avec le rock dit décadent ou glam rock. Les têtes de file s'appellent Marc Bolan, David Bowie, Lou Reed ou encore les New York Dolls. Tous se maquillent outrageusement sur scène affichant ainsi une ambiguďté sexuelle dérangeante. Certain avouent publiquement leur homosexualité. Réelle ou factice qu'importe, c'est l'attitude qui compte, le désir de choquer.

Marvin Gay

De son coté, la scène artistique noire fait aussi beaucoup parler d'elle en ce début de décennie. Beaucoup d'artistes noirs connus prennent clairement fait et cause en faveur du combat pour les droits civiques lancé par Martin Luther King et Malcom X au milieu des années 50. On peut citer Stevie Wonder (innerversion) Marvin Gay (What's going on) Curtis Mayfield (Superfly). De son coté, Bob Marley est sur le point de devenir une star internationale en faisant découvrir le reggae au monde entier.
Quand à la génération post Woodstock (Neil Young, Joni Mitchell, Cat Steven etc...), elle continue de surfer sur la vague du militantisme de l'amour libre et des joints au petit dèj.

Bien sûr les idéaux de la fin des sixties sont encore frais dans les mémoires mais une grande majorité des babys boomers commence doucement à entrer dans l’âge adulte. Si c’est une chose d’écouter Dylan et de fumer des joints en cachette de papa maman, ça en est une autre de devoir gagner sa vie en faisant face à la réalité du monde tel qu’il est.
Fatalement des compromis vont être faits et les belles idées d’amour de liberté et d’égalité vont rapidement se retrouver à l’étroit au fond des attachés-cases.

Richard Branson

Le milieu des années 70 voit d’ailleurs apparaître un nouveau genre de dirigeants et d'hommes d'affaire.
Issues de la (contre) culture des années 60 leurs style relax diffèrent radicalement de l'image costard cravate qu'on se fait d'un business man. Richard Branson ou encore Steve Jobs en sont des exemples types. Ils sont groovy, cool et tout le reste mais qu'on ne s'y trompe pas, dès qu'il s'agit de business vous ressortez en slip.
Hé oui ! Le monde n'a pas vraiment changé, il s'est juste adapté à ses nouveaux locataires mais les règles de base restent les mêmes : Les affaires sont les affaires.

Et le rock dans tout ça ? Il périclite lentement mais sûrement. Ses plus grands portes parole (les Stones, les Who, Pink Floyd) sont devenus des bourgeois multi millionnaires et n'ont plus grand chose d'intéressant à dire, et musicalement la veine commence à s'épuiser.

Le groupe Yes

En 75 c'est le rock dit progressif qui tient le devant de la scène. Ses chefs de file se nomment Yes, Genesis ou Emmmerson Lake and Palmer. Tous sont d'excellents musiciens (souvent d'anciens musiciens de studio) et le font savoir en truffant leur compositions de changements de tempo, de rythme, de tonalité et en y incorporant du jazz ou du classique. Les chansons (si on peut encore appeler ça des chansons) durent au minimum 10 à 15 minutes et occupent parfois toute la face d'un 33 tours. Les longs passages instrumentaux sont raffinés à l'extrême et comme on peut s'en douter ça tourne souvent au pompeux voir au prétentieux.
A part le nom, il n'y a plus grand chose de rock dans tout ça et une grande partie du public commence à se lasser.

Les Sex Pistols

Le dernier sursaut va venir encore une fois d'Angleterre. Avec le punk fini les morceaux complexes (et ennuyeux) de 15 minutes. L'énergie avant tout ! Les chansons sont courtes et reposent sur 3 ou 4 accords maximum. Le tempo est rapide et l'ensemble dégage une ambiance agressive et électrique.
Coté attitude on fait pas dans la dentelle. Les cheveux sont courts (par opposition aux hippies) les fringues sont déchirées et bardées d'épingle à nourrice et de croix gammés.
Le mot d’ordre est simple: No futur ! Du pur nihilisme.
Les Sex Pistols, les Clash et autres Stranglers prennent d’assaut le devant de la scène en traitant tous les anciens rockers (les Who et Led Zepplin en tête) de vieux ringards et de sales bourgeois établis.
Pour la dernière fois le rock va être le miroir dans lequel se reflètent les envies et les aspirations de la jeunesse. Mais si dans les fifties elle était insouciante et cherchait juste à s’amuser un peu, à la fin des seventies elle est désabusé et ne croit plus en rien.
On retrouve pourtant dans le punk un paradoxe avec le rock des années 50 (l’anarchie et les tubes de colle en moins). La simplicité, l'énergie et le boucan.
La boucle serait-elle bouclée ?

Quoi qu'il en soit, compte tenu de son nihilisme et de son schéma musical très basique, le mouvement punk ne pouvait pas se survivre très longtemps. La séparation des Sex Pistols puis la mort de Sid Vicious en 1979 mettent un terme à l’aventure punk. Elle n'aura duré en tout que 3 ou 4 ans.

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