Aujourd'hui, il ne se passe plus une semaine sans que la presse, la radio,
la télé ou Internet ne nous vantent les mérites du dernier
groupe ou chanteur(se) de rock en vogue, nous assurant que rien d'aussi
génial n'a été fait depuis longtemps. Alors, une vieille et
tenace curiosité nous pousse doucement vers la borne d'écoute du
magasin de disques. Et comme des centaines de fois auparavant, au bout des huit
premières mesures... on pleure.
On pleure devant tant de platitude, de formatage, de riffs de guitare entendus
1000 fois, de vide. Bref, on pleure d'ennuie ! Et on repart, déçu
bien sûr, en se reprochant d'avoir encore été aussi
bête pour y croire.
Alors pour se consoler on repasse Blonde on blonde, Revolver
ou Electric ladyland sur son électrophone… pardon, son
lecteur mp3. Et là, petit à petit, au détour d'un couplet,
d'un solo de guitare, d'un riff un peu bancal, on commence à ressentir
à nouveau ce frisson, cette magie, cette authenticité qui nous
avaient empoignés la première fois. Et on se souvient qu'il y a
très longtemps dans une (pas si) lointaine galaxie existait une musique
puissante, sauvage, irrésistible. Une musique pour laquelle des gens
sacrifiaient tout ce qu'ils avaient et au travers de laquelle ils exprimaient
tout ce qu'ils étaient.
Une musique qui soulevait des montagnes: Le rock.
Avant d'aller plus loin il est primordial de clarifier ce qu'on entend par
rock.
Est ce la forme musicale en elle même ou bien l'esprit que lui ont
insufflé ses créateurs ?
Pour ce qui est de la forme, le schéma musical du
rock 'n' roll apparu dans les années 50 était très simple:
3 accords de blues déclinés dans tous les sens, le tout
agrémenté d'un rythme de boogie woogie.
Au fil des années cette forme musicale fut bricolée, remaniée
voir abandonnée au profit d'autres canevas musicaux.
Toutefois on a toujours eu tendance à
appeler ça rock ou encore pop. Mais je préfère rock car,
bien que ce mot ne veuille plus dire grand chose aujourd'hui, il a eu une
résonance magique à une certaine époque, alors que pop
s'est toujours contenté d'englober la musique actuelle quelque soit ses
buts et ses motivations.
Donc, que ce soit Elvis, Dylan, Marvin Gay ou les Stones, il sera
ici question de rock.
Juste une petite parenthèse pour préciser que cet article n’est nullement exhaustif en ce qui concerne les groupes, chanteurs et chanteuses de rock. Je ne cite que les figures les plus marquantes du rock et je suis parfaitement conscient d’en oublier beaucoup. Mais ici le but est avant tout d’essayer d’expliquer et de comprendre la fantastique résonance qu’a eu le rock sur la société occidentale. Fin de la parenthèse.
En comptant ses prémices et ses derniers soubresauts le rock a duré,
grosso modo, une trentaine d'années. Du début des années 50
à la fin des années 70.
Avant on est dans l'obscurantisme, après dans une galerie marchande.
Mais qu'est ce qui a rendu le rock si excitant durant ces trente années et
si ennuyeux et fade aujourd'hui ?
Un tas de chose assurément à commencer par la nouveauté, la vrai.
Pas celle dont on nous rabache les oreilles à longueur de journée dans le
seul but de nous refourguer le dernier groupe à la mode formaté jusqu'aux
oreilles (voir plus haut).
Non, je parle ici de nouveauté authentique.
Mais pour mesurer véritablement l'ampleur du phénomène il
faut commencer par le commencement et se replonger dans le climat économique
et social des années 50 aux états unis.
Prêt pour le voyage dans le temps ?
One two three ‘o clock rock…C’est partie !