Microphone de scène
Stylo plume

Lucas Sanner

auteur compositeur interprète

Les trente glorieuses du rock.

Les sixties

Lonnie Donegan sur scène

Si dans les années cinquante aux états unis être jeune signifie être dans une salle d'attente triste, en Angleterre cela équivaut à être dans une tombe.
Le pays a été durement touché par la guerre et est en pleine reconstruction. L'économie ne va pas fort et la seule vision d'avenir pour un adolescent issu de la classe moyenne c'est un ciel gris sur lequel se découpe des cheminées d'usine. Heureusement, beaucoup de jeunes anglais on entendu les sirènes du rock venues de la lointaine Amérique, et pour eux l'appel est irrésistible. On voit alors surgir d'un peu partout des rockers version anglaise, Tommy Steele, Terry Dene, Lonnie Donegan. Même s’ils sont tous de pales imitations de leurs idoles américaines, leur existence prouve qu'en Europe aussi la jeunesse ressent fortement ce besoin de liberté et en a ras le bol du veto des parents. Pourtant ce n'est pas un chanteur mais un groupe qui va catalyser les envies et les aspirations de toute la jeunesse occidentale.

Les Beatles

Les Beatles ont eu l'impacte que pourrait avoir une bombe atomique larguée en plein cœur de la société. Après eux plus rien ne sera comme avant, aussi bien musicalement que socialement. Ils sont jeunes, drôles, intelligents et ont du talent à revendre. Bien qu'ils soient fans de la première heure des idoles américaines du rock, ils ne les imitent pas et concoctent eux même leurs chansons avec un style brillant et original. Autant dire qu'avec de tels atouts dans leurs bagages ils ne pouvaient pas rater leur coup. Tellement, qu’ils réussissent le tour de force de séduire quasiment tout le monde. Des adolescents hystériques (les filles) et admiratifs (les garçons) jusqu’au parents qui les trouve certes un peu bruyants mais tellement charmants. Et quand la reine mère elle même les décore de l'ordre du NME c'est la consécration, la success story ultime.
Mais les Beatles sont bien trop intelligents pour se laisser enfermer dans le rôle des sympathiques chevelus que leur a attribué l'establishment. Ils ne tarderont pas à ruer dans les brancards et à s'engager dans la voie de la contre culture, des drogues, et de la recherche expérimentale.

Les Rolling Stones

Le succès phénoménal des fab four va mettre le feu aux poudres et permettre à des milliers de jeunes musiciens de pousser eux aussi leur cri primal (Yeah yeah yeah !) sans que la société n'y trouve quelque chose à redire, enfin... presque.
Parmis eux il y a bien sûr les Rolling Stones qui, à l'inverse des Beatles, vont jouer la carte de la provocation et de la mauvaise graine et redonner au rock son coté subversif. Viennent ensuite les Who, les Small Faces, les Animals, les Kinks etc.. (la liste est longue).
En cette toute première moitié des sixties, on a l'impression qu'un vent de folie souffle sur la vieille Europe et en particulier sur Londres qui voit éclore quasiment chaque jour un nouveau groupe de chevelus bruyants prêt à envahir les charts .

Bob Dylan cigarette aux lèvres et guitare à la main

Au même moment aux états unis un petit gars chétif armé d'une guitare acoustique est sur le point de créer une véritable révolution.
Bob Dylan n'a rien du pop singer à la mode, et même si il apprécie (de loin) le son de tous ces groupes anglais qui viennent régulièrement envahir les états unis, son truc à lui c'est les mots, la poésie et la revendication. Ses idoles se nomment Woody Guthrie, Pete Seeger, Jack Kerouac ou encore Arthur Rimbaud.
A ses débuts Dylan emprunte la voie du protest song à la Woody Guthrie, puis peu à peu il commence à développer son propre style, une espèce de folk moderne dans lequel il décrit la froide réalité américaine à l'aide d'une imagerie surréaliste.
Sa rencontre avec les Beatles en 1965 va avoir une influence capitale sur la direction que va prendre le rock. Les fab four, et particulièrement Lennon qui est en pleine dépression et cherche désespérément une nouvelle voie musicale, vont voir en Dylan une réponse à leur attente. A savoir des textes plus fouillés et plus matures. Fini les paroles simplistes façon She loves you yeah yeah yeah. Dylan de son coté brûle d'envie de passer au tout électrique, sa rencontre avec les Beatles va l'aider à franchir le cap, et c'est avec une Fender Stratocaster et un groupe qu'il se présente au festival folk de Newport (au cours duquel tous les puristes vont crier à la trahison).

Les Who devant l'Union Jack

En ce milieu des années soixante, le rock est encore estampillé musique de jeunes et rangé parmis les accessoires du teenager entre la crème anti-acné et le scooter. Mais ce n'est qu'un tour de chauffe. Beaucoup de groupes et de musiciens ont très vite compris que le rock est un fantastique médium par lequel ils peuvent facilement faire part de leurs frustrations et de leurs aspirations ainsi que de celles de toute leur g-g-g-génération. C’est en partit un peu grâce au rock que les vieilles valeurs sclérosées de la société de l'époque ne vont pas tarder à voler en éclat.

Jimi Hendrix et sa Fender Stratocaster

De 1965 à 1970 le rock va vivre ses moments les plus forts, sont point d'orgue. Jamais il n'ira aussi haut ni aussi loin.
Les groupes établis sortent leurs plus beaux joyaux. Les Beatles (Sgt Pepper) , les Stones (Beggars banquet), les Who (Tommy) sont au sommet de leur art, et chaque jour voit l'apparition de nouveaux venus toujours plus outrageant, novateur, sexy : Les Doors, le Jimi Hendrix Experience, Pink Floyd, Jethro Tull, Led Zeppelin et j'en passe.
Pour l'amateur de rock c'est l'âge d'or, une époque bénie où il n'y a qu'à se baisser pour récolter le meilleur nectar.

Les Doors

Il faut dire qu’à cette époque le monde change très vite et le rock est en prise directe avec lui.
La guerre du Vietnam déchire la nation américaine et donne indirectement naissance au mouvement hippie qui se développe sur la cote ouest des états unis.
En France au mois de Mai 1968 une révolution étudiante éclate à Paris, manquant de peu de faire basculer le pouvoir en place. Partout, dans la société occidentale souffle un vent de révolution et de libération.
La jeunesse ne se contente plus de critiquer ou de railler ses aînés, elle veut en découdre pour de bon. Elle ne supporte plus cette société hypocrite et égoïste et entend bien la changer, et c'est à l'unisson avec Jim Morrison qu'elle crie : We want the world and we want it... NOW !.
Bien sûr c'était naïf de croire pouvoir changer le monde, mais avec une musique d'une telle qualité qui n'y aurait pas cru ?

1970 marque le début de la fin. Les Beatles se séparent, Janis Joplin et Jimi Hendrix meurent à même pas un mois d'intervalle (Brian Jones les a devancé l'année précédente et Jim Morrison les rejoindra l'année d'après) et l'engouement général retombe quelque peu. Le mouvement flower power s'essouffle et fait face à sa propre violence à Altamont.
Bref, ça sent la fin de soirée. Les invités prestigieux sont presque tous partis mais il reste toujours quelques fêtards qui veulent encore s'amuser et profiter du buffet.
 
Certes, le rock a encore de beaux jours devant lui, mais ceux-ci n'en sont pas moins comptés.

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